JONAS
STATEMENT
The sculpture stands at the edge of the sea, vulnerable. It is a door between two universes, one solid, the other liquid, a passage from one state to another. Between these two elements, fire, both purifier and redeemer. Its passage is always a test. An ordeal.
This sculpture represents the carcass of a whale - its bony structure mimics the skeleton of one that would have washed up on a beach; maybe the one who saved Jonah from drowning and spat him out on the beach so that he could accomplish his mission among men. It symbolizes the portal of memory - the one to be destroyed in order to free ourselves from souvenirs, that sometimes prevent us from being and becoming.
A pit was dug at the baset of this burning door. A body crawled into it, like a damned. He came out through the earth, «ashed», from the other side - as if spit out of the whale’s belly - saved? to finish his race in the sea. The one who forgives. The one that saves us from oblivion.
The sculpture has been destroyed and rebuilt four times. By water and wind the first time, then by fire. Like the phoenix, it dies in flames and is reborn from its ashes. Each time the same, each time different, tending towards simplicity.
Die by fire. Be reborn through water and earth. Chemist of the cursed journey. Alchemist grappling with the transubstantiation of the elements, with what makes life. To die death. For Jonah, it is all about resurrection and forgiveness. Ascension, maybe, later. Passage. Everything is only passage. Path. Carrying of the cross. But there is no cross, nor really a path. Jonah had been chosen by God who wanted to make him his prophet. But Jonah is not the Christ. The cross is the weight on the shoulders of the one who crawls and who fled. The weight of the skin, the weight of the flesh, covered with time, with the shame of having betrayed men and of having disappointed God.
No crucifixion, therefore, but an expiation, a sacrifice, always the same: of oneself, of one’s past, of one’s present, for one’s future. This performance would like to remake Jonah’s path of redemption.
His fault is his disobedience to what God commanded him - to go and speak to the people of Nineveh where Evil was growing and warn them of His impending wrath. But to obey God, man must disobey himself. Jonas, therefore, rose up. He ran away. Far. Very far. Where he hoped God could never find him. Frightened by the hostility he was about to stir up among men, Jonah shied away from his mission, and fled his duty. He was very wrong to believe that he could escape the God who makes men.
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* For several weeks, hundreds of people took shelter, gathered, or simply stopped there, in order to look through this door, as if what they were going to see was different from what they would see if she wasn’t standing there.
Sometimes - and maybe this is one of the aims of art - people need to be offered a different setting in order to look in a different direction… towards themselves.
This is one of the dreams Jonah had in the movie “Undead Lights” when he returned to his father’s land. He agreed to find him so that he could forget him. The memory he destroys is symbolized in his dream by a door that opens onto the Baikal.
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La sculpture se tient à la lisière de la mer, vulnérable. Elle est une porte entre deux univers, l’un solide, l’autre liquide, passage d’un état à l’autre. Entre ces deux éléments, le feu, à la fois purificateur et rédempteur. Son passage est toujours une épreuve. Une ordalie.
Cette sculpture représente la carcasse d’une baleine — sa structure osseuse imite le squelette de l’une d’entre elles qui aurait échoué sur une plage ; peut-être celle qui sauva Jonas de la noyade et le recracha sur la grève afin qu’il accomplisse sa mission auprès des hommes.
Elle symbolise également le portail de la mémoire. Celui à détruire si l’on veut s’affranchir du souvenir, celui qui nous empêche, parfois, d’être et de devenir.
Une fosse fut creusée au pied de cette porte en feu. Un corps a rampé pour s’y jeter, tel un damné. Il en est ressorti par la terre, « en cendre », de l’autre côté — comme recraché du ventre de la baleine — sauvé ? pour finir sa course dans l’eau de la mer. Celle qui pardonne. Celle qui sauve de l’oubli.
La sculpture a été détruite et reconstruite quatre fois. Par l’eau et le vent une première fois puis par le feu. Comme le phœnix, elle meurt dans les flammes et renaît de ses cendres. À chaque fois la même, à chaque fois différente, tendant vers l’épure.
Mourir par le feu. Renaître par l’eau et par la terre. Chimiste du maudit voyage. Alchimiste aux prises avec la transsubstantiation des éléments, avec ce qui fait la vie. Mourir la mort. Pour Jonas, il n’est question que de résurrection et de pardon. L’ascension, peut-être, plus tard. Passage. Tout n’est que passage. Chemin. Portement de croix. Mais il n’y a pas de croix, ni vraiment de chemin. Jonas avait été choisi par Dieu qui voulait en faire son prophète. Mais Jonas n’est pas le Christ. La croix, c’est le poids sur les épaules de celui qui rampe à quatre pattes et qui a fui. Le poids de la peau, le poids de la chair, couverte de temps, de la honte d’avoir trahi les hommes et d’avoir déçu Dieu, Dieu qui fait le monde.
Pas de crucifixion donc, mais une expiation, un sacrifice, toujours le même: de soi, de son passé, de son présent, pour son futur.
Cette performance voudrait refaire le chemin de rédemption de Jonas.
Sa faute est sa désobéissance à ce que Dieu lui avait commandé - d’aller parler aux habitants de Ninive où le Mal grandissait et les prévenir de la colère divine imminente. Mais pour obéir à Dieu, l’Homme doit désobéir à lui-même. Jonas, donc, s’est insurgé. Il a fui. Loin. Très loin. Là où il espérait que Dieu ne pourrait jamais le retrouver. Effrayé par l’hostilité qu’il allait soulever parmi les hommes, Jonas s’est dérobé à sa mission, et a fui son devoir. Il a eu bien tort de croire qu’il pourrait échapper au Dieu qui fait les hommes.
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* Pendant plusieurs semaines, des centaines de personnes s’y sont abritées, recueillies, ou s’y sont arrêtées, simplement, afin de regarder au travers de cette porte, comme si ce qu’ils allaient voir était différent de ce qu’ils y verraient si elle ne se tenait pas là.
Parfois — et c’est peut-être une des fonctions de l’art — les gens on besoin qu’on leur propose un cadre différent afin de regarder dans une autre direction… en direction d’eux-mêmes.
C’est un des rêves que fait Jonas dans le film “Undead lights” alors qu’il est revenu sur la terre de son père. Il a accepté de le retrouver pour pouvoir l’oublier. La mémoire qu’il détruit est symbolisée dans son rêve par une porte à franchir qui donne sur le Baïkal.
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Photography & Video
Sofiane Bouchard
with the help of Philippe Parigot
Diego Martin
Foti Contreras
Jérémy Leroy
Music
Marc Lochner
Thibaut Kerbrat
Post-Production
Louis Arcelin, Sylvain Canaux
Jonas was sculpted and performed
by the sea in the city of Grimaud, France
between October 2020 and January 2021.
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MMXXII © ARNO BOUCHARD